Une étude faisant état du lien entre l’usage du vaporisateur personnel et différentes maladies du foie a été retirée. Cette recherche est supprimée par une revue médicale qui, s’il faut le rappeler, est celle qui avait ordonné sa publication. Dès lors, il convient de s’interroger sur l’intégrité des demandeurs et la fiabilité des études scientifiques américaines. Voici des éléments de réponse qui présentent la situation et les conclusions à tirer concernant les recherches sur la vape
Le financement des études scientifiques sur la vape
La plupart des études scientifiques sont financées par des entreprises et des agences de financement sur fonds publics. Les fondations aussi allouent de l’argent pour ces études, de même que des organismes gouvernementaux et d’autres institutions. Ces différents acteurs accordent les moyens nécessaires à des chercheurs universitaires qui postulent via un programme ou un appel d’offres.
Pour être éligibles, ceux-ci doivent soumettre (ou non) des thématiques et la proposition retenue par l’entreprise sera financée. Certains chercheurs décident de collaborer avec des firmes privées et s’associent à des universités privées. Les candidats sont tenus de faire preuve de transparence et de garder une indépendance scientifique malgré la source de financement. Toutefois, la question se pose de savoir si l’entreprise qui a payé la recherche va autoriser la publication des résultats de l’étude.
En l’occurrence, s’ils ne sont pas conformes à ses attentes et ne vont pas dans le même sens que sa politique. Le conflit d’intérêts apparaît si les recherches aboutissent à des conclusions qui vont à l’encontre des besoins du demandeur. Il est clair que la neutralité est compromise parce qu’il y a un risque que les intérêts commerciaux influencent les conclusions.
L’étude scientifique sur le vaporisateur personnel et les maladies du foie
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il serait idéal de présenter le contexte et les faits. Puis, il s’agira de donner les conclusions de l’étude et d’expliquer en quoi les scientifiques ont manqué de rigueur.
Le contexte et les faits
En juin 2022, un collectif de treize chercheurs a travaillé sur les potentiels risques du vapotage sur le foie. Ils ont basé sur leur étude sur les données de l’enquête nationale américaine sur la santé et la nutrition. Il faut rappeler que les chiffres de ce sondage correspondaient à la période de 2015 à 2018, avec plus de 178 000 participants. Durant leur recherche, ces scientifiques se sont contentés de dénombrer les répondants qui ont donné une réponse affirmative à certaines questions.
Si une personne répond qu’elle a déjà utilisé une cigarette électronique, elle est classée dans la catégorie des vapoteurs. Ensuite, il y a les questions qui demandent si elle a déjà fumé au moins 100 cigarettes dans sa vie et si elle fume actuellement. Les participants qui répondent oui à ces interrogations sont considérés par les chercheurs, comme des fumeurs.
Si la personne a donné une réponse affirmative à ces trois questions, alors elle est classée comme utilisatrice double (vapofumeuse). Sur une autre fiche, les chercheurs ont inscrit des interrogations concernant l’atteinte d’une maladie de foie. Si la personne répond oui à l’une de ces questions, elle est considérée comme étant malade.
Les conclusions des études
Après leurs travaux, les chercheurs ont conclu que les patients qui ont une maladie du foie sont ceux qui utilisaient une e-cigarette. Et ce, malgré une faible fréquence d’usage et même si ces personnes n’ont pas l’habitude de se servir de leur kit. Selon eux, les personnes qui ont un antécédent de maladie du foie ou qui sont atteintes d’une pathologie hépatique chronique utilisent un vaporisateur.
Ils ont quand même déclaré que d’autres recherches s’avèrent nécessaires pour examiner en profondeur les effets de l’e-cigarette sur ces patients. Ces études prospectives futures permettront d’évaluer les mécanismes précis des toxiques du kit sur le foie. Ils souhaitent que les autorités tiennent compte de preuves concrètes et solides avant de prendre une décision sur la réglementation de l’e-cigarette aux USA.
Le manque de rigueur des chercheurs
La méthodologie employée par les chercheurs laisse apparaître plusieurs doutes et interrogations. Quand ils demandent aux participants s’ils ont déjà fumé une e-cigarette, cela est insuffisant pour les classer comme vapoteurs. Cela sous-entend qu’une personne qui a simplement essayé le kit d’un ami pendant une fête est une fumeuse, ce qui n’est pas le cas.
Il en est de même pour une autre qui aurait abandonné le vapotage depuis des années, mais se voit classée comme double utilisatrice. Un court essai ou quelques jours de vapotage ne suffisent pas pour affecter la santé d’une personne et entraîner une potentielle maladie du foie.
Le retrait de la publication des résultats
Les conclusions des travaux n’ont visiblement pas convaincu l’éditeur en chef de la revue médicale Gastroenterology Research. Celui-ci a donc décidé d’acter la rétraction, surtout après avoir reçu une lettre qui soulevait des points d’ombre concernant la méthodologie de l’article. Il y a eu des questions sur le traitement des données sources, l’analyse statistique et la fiabilité des conclusions.
Elles ont été rapportées aux auteurs qui n’ont pas pris la peine d’apporter des éclaircissements malgré le long délai qu’ils ont eu. Robert Wong, rédacteur en chef de la revue et professeur clinique à la faculté de médecine à la Stanford University, donne des bribes d’explications. Selon ses propos, le manuscrit a été retiré parce que les auteurs n’ont pas apporté de réponse ou de réfutation aux interrogations soulevées.